Reportage de la BBC sur notre Directeur concernant la prévention du harcèlement scolaire.
Notre directeur, Iván Galindo, a voyagé en Finlande pour découvrir le système éducatif finlandais. Il a visité plusieurs écoles primaires, universités, centres de recherche et écoles pour personnes ayant des capacités différentes. De plus, il a visité l'Université de Turku, où le système KIVA a été créé, un programme anti-harcèlement scolaire qui a été mis en œuvre dans des écoles d'Amérique latine. Nous avons travaillé avec le système KIVA au Collège Erik Erikson de 2017 à 2022.
Ci-dessous, nous partageons le reportage publié en 2017 par BBC MUNDO sur son site d'actualités, où Iván Galindo parle du travail de prévention et de sensibilisation réalisé au Collège.
Comment fonctionne KiVa, la méthode efficace, créée en Finlande pour lutter contre le harcèlement scolaire, et en voie d’adoption par les écoles d’Amérique latine
Qu’elles soient publiques ou privées, dans des quartiers pauvres ou privilégiés, en Chine, au Royaume-Uni ou en Uruguay, la plupart des écoles dans le monde connaissent, dans une moindre ou large mesure, des situations de bullying ou harcèlement scolaire.
La Finlande, un pays leader en termes d’éducation, ne fait pas exception à la règle.
Pourtant, depuis 2009, le harcèlement dans les écoles finlandaises a considérablement diminué (80 % d’entre elles se sont affranchies du harcèlement, et 20 % ont constaté une diminution, selon une étude réalisée auprès de 30 000 étudiants âgés de 7 à 15 ans) grâce à une méthode révolutionnaire pour lutter contre ces situations où un étudiant, voire un groupe d’étudiants montre un comportement hostile envers un camarade de façon systématique.
Le succès du programme KiVa n’est pas passé inaperçu en Europe où il a été adopté par une vingtaine de pays. Il commence désormais à s’implanter en Amérique latine, notamment en Argentine, au Chili, en Colombie et au Pérou.
Le rôle des témoins
« Contrairement aux méthodologies traditionnelles, la clé de KiVa réside dans le fait que, non seulement il implique les victimes et leurs agresseurs, mais également les témoins », explique à BBC Mondo, Francisca Isasmendi, psychopédagogue et responsable du programme au collège Santa María de Salta, l’une des institutions pionnières dans la mise en œuvre de KiVa en Argentine. Autrement dit, KiVa s’intéresse également aux « témoins silencieux qui souffrent passivement du harcèlement (...), car même si personne n’aime assister à une agression, bien des jeunes ne savent pas comment y remédier ou défendre la victime », ajoute Mme Isasmendi. Or, il faut savoir que le silence ou les rires des témoins renforcent le pouvoir de l’agresseur.
« Dès lors qu’il perd l’appui du groupe et est isolé, l’agresseur renonce au harcèlement », explique la psychopédagogue.
Lorsqu’une situation de harcèlement est détectée en classe, une équipe entrainée travaille selon un protocole spécifique av
« Même si personne n’aime assister à une agression, bien des jeunes ne savent pas comment y remédier ou défendre la victime. » Francisca Isasmendi, responsable KiVa au collège Santa Maríaec la victime, l’agresseur et les témoin.
« Les effets de ce système d’intervention se répercutent surtout sur les agresseurs, car si les attitudes des autres changent, alors le “jeu (du harcèlement) n’est plus aussi drôle”, explique à BBC Mundo Tiina Mäkelä, la directrice du programme KiVa à l’Institut Escalae en Espagne, et formatrice du programme dans les pays hispanophones.s, de façon individuelle et sans les confronter.
Anticiper
Une autre composante fondamentale, impliquant la participation de tous, réside dans la prévention.
“Elle s’appuie sur des séances et des activités pédagogiques dispensées deux fois par mois, à raison de 45 minutes par session, où aucun cas particulier n’est évoqué, mais plutôt des concepts d’ordre général”, précise Tiina Mäkelä
Toutes ces activités visent à créer un environnement aimable, généreux et respectueux de chacun.
Les enfants apprennent à faire la différence entre un conflit entre pairs (acceptable) et une situation de bullying qui, elle, ne doit pas être tolérée.
- Le secret d’un système éducatif parmi les meilleurs au monde
« Auparavant, nous agissions aussitôt après avoir observé une situation à risques, autrement dit quand “le lait avait déjà débordé (...), aujourd’hui nous anticipons de telle manière que tout problème éventuel devient facilement identifiable, car les élèves savent parfaitement de quoi il s’agit et comment l’éviter”, explique Iván Galindo à BBC Mundo.
Francisca Isasmendi confirme l’analyse d’Iván.
“Les élèves savent désormais que s’ils se trouvent dans une situation qui les incommode ou dans laquelle ils se sentent agressés, ils peuvent demander et obtenir de l’aide”, poursuit Francisca Isasmendi.
Et ce travail de prévention et de sensibilisation touche également les parents et les enseignants.
“Il faut faire évoluer notre culture de l’acceptation, où le bullying est considéré comme normal ; on entend souvent à propos du harcèlement, ‘ce sont des problèmes d’adolescents qu’ils doivent résoudre entre eux.’ La conséquence, c’est que de nombreux jeunes se retrouvent à vivre dans la souffrance tout leur parcours scolaire”, explique la psychopédagogue.
“KiVa, pour moi, ça signifie amabilité, respect, cohabitation, amitié, anti-harcèlement et confiance” ; “KiVa, c’est un programme où on apprend différentes valeurs, où on peut partager nos sentiments, où on travaille en équipe, et aussi où on apprend à écouter les autres.”
Francisca Isasmendi reconnaît qu’il faut du temps pour observer les résultats, alors que paradoxalement, son expérience lui permet de constater que les cas de harcèlement sont de plus en plus nombreux, non qu’ils se présentaient moins par le passé, mais “la sensibilisation en les rendant inacceptables leur confère une visibilité qu’ils n’avaient pas jusque-là”.
De la Finlande à l’Amérique latine
lDans quelle mesure une méthode conçue pour une culture et une société si différentes de la nôtre peut-elle produire les mêmes résultats ?
“Il existe des problèmes de fond, communs à tous les pays”, affirme Mäkelä, tout en reconnaissant que certains aspects de la méthodologie demandent ici une plus grande attention.
La collaboration des familles
Souvent, en Amérique latine, la recherche de coupables l’emporte sur la collaboration : les familles tendent à accuser l’école et réciproquement, alors que l’attention doit être centrée sur la recherche de solution”, ajoute Mäkelä. Impliquer les familles facilite l’évolution en accélérant les changements.
“Avec KiVa, je me sens davantage en sécurité, et j’ai plus confiance en moi. Les cours de KiVa m’ont permis d’acquérir plus d’empathie, et je me fais des amis plus facilement”, confie un élève de 4e du collège Erik Erikson.
“Les élèves se montrent plus réfléchis et portent une plus grande attention à autrui”, commente une coordinatrice de la même institution.
Pour Isasmendi, KiVa va très au-delà d’un simple outil avéré pour intervenir en milieu scolaire.
“Bien plus qu’un programme anti-harcèlement, il s’agit d’une philosophie de vie qui vise le bien-être scolaire en favorisant un climat de travail où les jeunes pratiquent le respect et la tolérance”.
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